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une excursion de mrs. paulina barnett.

suite. Ce détour, au surplus, ne devait guère accroître que d’une demi-heure la durée totale de l’exploration.

Mrs. Paulina Barnett et Madge se levèrent donc et se dirigèrent vers le cap Esquimau.

Mais les deux femmes n’avaient pas fait un quart de mille, que la voyageuse, s’arrêtant soudain, montrait à Madge des traces régulières, très nettement imprimées sur la neige. Or, ces empreintes avaient été faites récemment et ne dataient pas de plus de neuf à dix heures, sans quoi la dernière tombée de neige qui s’était opérée dans la nuit les eût évidemment recouvertes.

« Quel est l’animal qui a passé là ? demanda Madge.

— Ce n’est point un animal, répondit Mrs. Paulina Barnett en se baissant afin de mieux observer les empreintes. Un animal quelconque, marchant sur ses quatre pattes, laisse des traces différentes de celles-ci. Vois, Madge, ces empreintes sont identiques, et il est aisé de voir qu’elles ont été faites par un pied humain !

— Mais qui pourrait être venu ici ? répondit Madge. Pas un soldat, pas une femme n’a quitté le fort, et puisque nous sommes dans une île… Tu dois te tromper, ma fille. Au surplus, suivons ces traces et voyons où elles nous conduiront. »

Mrs. Paulina Barnett et Madge reprirent leur marche, observant attentivement les empreintes. Cinquante pas plus loin, elles s’arrêtèrent encore.

« Tiens… vois, Madge, dit la voyageuse, en retenant sa compagne, et dis si je me suis trompée ! »

Auprès des traces de pas et sur un endroit où la neige avait été assez récemment foulée par un corps pesant, on voyait très visiblement l’empreinte d’une main.

« Une main de femme ou d’enfant ! s’écria Madge.

— Oui ! répondit Mrs. Paulina Barnett, un enfant ou une femme, épuisé, souffrant, à bout de force, est tombé… Puis, ce pauvre être s’est relevé, a repris sa marche… Vois ! les traces continuent… plus loin il y a encore eu des chutes !…

— Mais qui ? qui ? demanda Madge.

— Que sais-je ? répondit Mrs. Paulina Barnett. Peut-être quelque infortuné emprisonné comme nous depuis trois ou quatre mois sur cette île ? Peut-être aussi quelque naufragé jeté sur le rivage pendant cette tempête… Rappelle-toi ce feu, ce cri, dont nous ont parlé le sergent Long et le lieutenant Hobson !… Viens, viens. Madge, nous avons peut-être quelque malheureux à sauver !… »