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Mais « elle » ne l’oublia plus. Et depuis ce jour, « elle » revit dans ses rêves le brûlant commissaire, l’enlaçant dans une étreinte passionnée ! Et « elle », c’était l’aimable Tatanémance !


IX

Où le docteur Ox et son préparateur Ygène ne se disent que quelques mots.

« Eh bien, Ygène ?

— Eh bien, maître, tout est prêt ! La pose des tuyaux est achevée.

— Enfin ! Nous allons maintenant opérer en grand, et sur les masses ! »


X

Dans lequel on verra que l’épidémie envahit la ville entière et quel effet elle produisit.

Pendant les mois qui suivirent, le mal, au lieu de se dissiper, ne fit que s’étendre. Des maisons particulières l’épidémie se répandit dans les rues. La ville de Quiquendone n’était plus reconnaissable.

Phénomène plus extraordinaire encore que ceux qui avaient été remarqués jusqu’alors, non seulement le règne animal, mais le règne végétal lui-même n’échappait point à cette influence.

Suivant le cours ordinaire des choses, les épidémies sont spéciales. Celles qui frappent l’homme épargnent les animaux, celles qui frappent les animaux épargnent les végétaux. On n’a jamais vu un cheval attaqué de la variole ni un homme de la peste bovine, et les moutons n’attrapent pas la maladie des pommes de terre. Mais ici, toutes les lois de la nature semblaient bouleversées. Non seulement le caractère, le tempérament, les idées des habitants et habitantes de Quiquendone s’étaient modifiés, mais les animaux domestiques, chiens ou chats, bœufs ou chevaux, ânes ou chèvres, subissaient cette influence épidémique, comme si leur milieu habituel eût été changé. Les plantes elles-mêmes « s’émancipaient », si l’on veut bien nous pardonner cette expression.

En effet, dans les jardins, dans les potagers, dans les vergers, se manifestaient