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au mont blanc.


Passage sur le glacier des Bossons, pic des Grands-Mulets. (Page 197.)

— Qu’est-ce que vous avez ? qu’est-ce que vous faites ? » s’écrie Levesque, réveillé en sursaut.

Hélas ! c’est un meuble que, dans le suprême effort de mon cauchemar, je viens de culbuter avec fracas ! Cette avalanche prosaïque me rappelle à la réalité. Je ris de mes terreurs, le courant contraire reprend le dessus, et avec lui les idées ambitieuses. Il ne tient qu’à moi, avec un peu d’effort, de fouler ce sommet si rarement atteint ! C’est une victoire comme une autre ! Les accidents sont rares, très-rares ! Ont-ils eu lieu même ? De la cime le spectacle doit être si merveilleux ! Et puis, quelle satisfaction d’avoir accompli ce que tant d’autres n’ont osé entreprendre !

À ces pensées, mon âme se raffermit, et c’est avec calme que j’attends le moment du départ.

Vers une heure, les pas des guides, leurs conversations, le bruit des portes qu’on ouvre nous indiquent que le moment approche. Bientôt M. Ravanel entre dans notre chambre :

« Allons, messieurs, debout, le temps est magnifique. Vers dix heures nous serons au sommet. »

À ces paroles, nous sautons à bas de nos lits et nous procédons lestement à notre toilette. Deux de nos guides, Ambroise Ravanel et son cousin Simon, partent en avant pour explorer le chemin. Ils sont munis d’une lanterne qui doit nous indiquer la direction à suivre, et armés de leur piolet pour faire la route et tailler des pas dans les endroits trop difficiles. À deux heures, nous nous attachons tous ensemble. Voici l’ordre de marche : devant moi et en tête,