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QUARANTIÈME
ASCENSION FRANÇAISE
AU MONT BLANC


Le mont Blanc vu du Brevent. (Page 192.)


Le 18 août 1871, j’arrivais à Chamonix avec l’intention bien arrêtée de faire, coûte que coûte, l’ascension du mont Blanc. Ma première tentative en août 1869 n’avait pas réussi. Le mauvais temps ne m’avait permis d’atteindre que les Grands-Mulets. Cette fois-ci, les circonstances ne semblaient pas beaucoup plus favorables, car le temps, qui avait paru se mettre au beau dans la matinée du 18, changea brusquement vers midi. Le mont Blanc, suivant l’expression du pays, « mit son bonnet et commença à fumer sa pipe » ; ce qui, en termes moins imagés, veut dire qu’il se couvrit de nuages et que la neige, chassée par un vent violent du sud-ouest, formait à sa cime une longue aigrette dirigée vers les précipices insondables du glacier de la Brenva. Cette aigrette indiquait aux touristes imprudents la route qu’ils eussent prise, bien malgré eux, s’ils avaient osé affronter la montagne.

La nuit suivante fut très-mauvaise ; la pluie et le vent firent rage à qui mieux mieux, et le baromètre, au-dessous de variable, se tint dans une immobilité désespérante.