Page:Verne - Le Chemin de France, Hetzel, 1887.djvu/33

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Oui, tout mon congé, si je puis.

— Eh bien, Natalis, il est possible que tu assistes bientôt à une noce.

— Qui donc se marie ?… Monsieur Jean ?

— Oui.

— Et qui épouse-t-il ?… Une Allemande ?

— Non, Natalis, et c’est ce qui fait notre joie. Si sa mère s’est mariée à un Allemand, c’est une Française qui va devenir sa femme, à lui.

— Belle ?…

— Belle comme une châsse.

— Ce que tu m’apprends là me fait plaisir, Irma.

— Et à nous donc ! — Mais toi, Natalis, tu ne penses donc pas à prendre femme ?

— Moi ?

— Tu n’as pas laissé là-bas ?…

— Si, Irma.

— Et qui donc ?…

— La patrie, ma sœur ! Et faut-il autre chose à un soldat ? »


IV

Belzingen, petite ville située à moins de vingt lieues de Berlin, est bâtie près du village de Hagelberg, où, en 1813, les Français devaient se mesurer avec la landwehr prussienne. Dominée par la croupe du Flameng, elle s’étale à ses pieds dans une attitude assez pittoresque. Son commerce comprend les chevaux, le bétail, le lin, le trèfle, les céréales.

C’est là que nous arrivâmes, nous deux ma sœur, vers dix heures