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Et voici ce que disait cette affiche :

« 1000 florins de récompense à qui livrera le soldat Jean Keller, de Belzingen, condamné à mort pour avoir frappé un officier du régiment de Leib, de passage à Magdebourg. »


XV

Comment nous sommes rentrés, ma sœur et moi, à l’hôtel des Armes de Prusse, ce que nous avons pu nous dire en y revenant, je l’ai vainement cherché dans mon souvenir ! Peut-être n’avons-nous pas échangé une seule parole ? On aurait pu remarquer le trouble où nous étions, s’en inquiéter même. Il n’en fallait pas plus pour être amenés devant les autorités. On nous eût interrogés, arrêtés peut-être, si l’on avait découvert quels liens nous unissaient à la famille Keller !…

Enfin, nous avions regagné notre chambre, sans avoir rencontré personne. Ma sœur et moi voulions conférer avant de revoir M. et Mlle de Lauranay, afin de bien nous entendre sur ce qu’il convenait de faire.

Nous étions là, nous regardant tous deux, accablés, sans oser prendre la parole.

« Le malheureux !… le malheureux !… Qu’a-t-il fait ? s’écria enfin ma sœur.

— Ce qu’il a fait ? répondis-je. Il a fait ce que j’aurais fait à sa place ! Monsieur Jean a dû être maltraité, injurié par ce Frantz !… Il l’aura frappé… Cela devait arriver tôt ou tard !… Oui ! j’en aurais fait autant !