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Je dois, pour ne pas l’oublier, mentionner ceci : M. de Lauranay connaissait très bien le territoire allemand depuis Belzingen jusqu’à la frontière française. Pendant plusieurs années, du vivant de son fils, il avait parcouru cette route en toutes saisons, et s’y orientait facilement en consultant sa carte. Moi, j’en étais à la suivre pour la seconde fois seulement. M. de Lauranay devait donc être un guide très sûr, et il n’était que sage de s’en rapporter à lui.

Enfin, à force de chercher à Zerbst, la bourse à la main, je finis par découvrir, pour nos chevaux écurie et fourrage, pour nous logement et nourriture. Autant d’économisé sur les réserves de la berline. Ainsi la nuit s’écoula mieux que nous ne l’avions espéré dans cette bourgade de Zerbst.


XIV

Un peu avant d’arriver à Zerbst, notre berline avait roulé sur ce territoire qui forme la principauté d’Anhalt et de ses trois duchés. Le lendemain, nous devions la couper du nord au sud, de manière à gagner la petite ville d’Acken, — ce qui nous ramènerait sur le territoire de la Saxe et le district actuel de Magdebourg. Puis, l’Anhalt reparaîtrait encore, lorsque nous prendrions direction sur Bernsbourg, capitale du duché de ce nom. De là, nous rentrerions une troisième fois en Saxe, à travers le district de Mersebourg. Voilà ce qu’était, en ce temps-là, la confédération germanique, avec ses quelques centaines de petits États ou d’enclaves, que l’Ogre du Petit Poucet eût pu franchir d’une seule enjambée !

On le pense bien, je dis ces choses d’après M. de Lauranay. Il me montrait sa carte, et, du doigt, m’indiquait la disposition des pro-