Ces passagers sont au nombre de huit, en me comptant. Je les connais à peine, mais la monotonie d’une traversée, les incidents de chaque jour, le coudoiement quotidien de gens resserrés dans un étroit espace, ce besoin si naturel d’échanger des idées, la curiosité innée au cœur de l’homme, tout cela nous aura bientôt rapprochés. Jusqu’ici, tracas de l’embarquement, prise de possession des cabines, arrangements que nécessite un voyage dont la durée peut être de vingt à vingt-cinq jours, occupations diverses, nous ont tenus éloignés les uns des autres. Hier et aujourd’hui, tous les convives n’ont même pas encore paru à la table du carré, et peut-être quelques-uns sont-ils éprouvés par le mal de mer. Je ne les ai donc pas tous vus, mais je sais qu’au nombre des passagers il y a deux dames qui occupent les cabines de l’arrière, dont les fenêtres sont percées dans le tableau du bâtiment.
Au surplus, voici la liste des passagers, telle que je l’ai relevée sur les rôles du navire :
Mr. et Mrs. Kear, Américains, de Buffalo ;
Miss Herbey, Anglaise, demoiselle de compagnie de Mrs. Kear ;
M. Letourneur et son fils, André Letourneur, Français, du Havre ;
William Falsten, un ingénieur de Manchester, et John Ruby, négociant de Cardiff, Anglais tous deux ;
J.-R. Kazallon, de Londres, — l’auteur de ces notes.
iii
— 29 septembre. — Le connaissement du capitaine Huntly, c’est-à-dire l’acte qui constate le chargement des marchandises sur le Chancellor et les conditions du transport de ces marchandises, est conçu en ces termes :
« Je, John-Silas Huntly, de Dundee (Écosse), commandant le navire Chancellor, jaugeant neuf cents tonneaux ou environ, étant du présent à Charleston, pour, du premier temps convenable, aller en droite route, sous la garde de Dieu, jusqu’au-devant de la ville de Liverpool, là où sera ma décharge, — reconnais avoir reçu dans mondit navire et sous son franc tillac, de vous, MM. Bronsfield & Co., commissionnaires en marchandises à Charleston, dix-