de biscuit. Il faut donc s’arrêter à ce chiffre. Quant à l’eau, sa quantité peut être estimée à cent trente-deux gallons[1], et il est convenu que la consommation quotidienne sera réduite pour chacune à une pinte[2], ce qui assurera aussi trois mois d’eau.
La distribution des vivres sera faite chaque matin, à dix heures, par les soins du bosseman. Chacun recevra pour la journée sa ration en biscuit et en viande : il la consommera quand et comme il lui conviendra. Quant à l’eau, faute d’ustensiles suffisants pour la recueillir, puisque nous n’avons que la bouilloire et la tasse de l’Irlandais, elle sera distribuée deux fois par jour, à dix heures du matin et à six heures du soir : chacun devra boire immédiatement.
Il faut bien remarquer aussi que nous avons toujours deux autres chances qui peuvent accroître nos réserves : la pluie, qui donnerait l’eau, la pêche, qui donnerait le poisson. Aussi deux barriques vides sont-elles disposées pour recevoir l’eau de pluie. Quant aux engins de pêche, des matelots s’occupent de les préparer, afin de mettre quelques lignes à la traîne.
Telles sont les dispositions prises. Elles sont approuvées et seront rigoureusement maintenues. Ce n’est qu’en observant une règle sévère que nous pouvons espérer d’échapper aux horreurs de la famine. Trop d’exemples nous ont appris à être prévoyants, et si nous sommes réduits aux dernières privations, c’est que le sort n’aura cessé de nous frapper !
xxxii
— Du 8 au 17 décembre. — Le soir venu, nous nous sommes blottis sous les voiles. Très-fatigué des longues heures passées dans la mâture, j’ai pu dormir pendant quelques heures. Le radeau, étant relativement peu chargé, s’élève assez facilement. Comme la mer ne déferle pas, nous ne sommes pas atteints par les lames. Malheureusement, si la houle tombe, c’est parce que le vent mollit, et, vers le matin, je suis forcé de noter sur mon journal : temps calme.
Quand le jour a reparu, je n’ai rien eu de nouveau à constater. MM. Letourneur ont également dormi pendant une partie de la nuit. Nous nous sommes encore