Page:Verne - Le Château des Carpathes.djvu/80

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Déjà, Nic, déjà !… Mais c’est à peine si notre halte a duré quelques minutes !

— Quelques minutes qui font une bonne demi-heure. — Pour la dernière fois, êtes-vous prêt ?

— Prêt… lorsque les jambes me pèsent comme des masses de plomb… Tu sais bien que je n’ai pas tes jarrets de forestier, Nic Deck !… Mes pieds sont gonflés, et c’est cruel de me contraindre à te suivre…

— À la fin, vous m’ennuyez, Patak ! je vous laisse libre de me quitter ! Bon voyage ! »

Et Nic Deck se releva.

« Pour l’amour de Dieu, forestier, s’écria le docteur Patak, écoute encore !

— Écouter vos sottises !

— Voyons, puisqu’il est déjà tard, pourquoi ne pas rester en cet endroit, pourquoi ne pas camper sous l’abri de ces arbres ?… Nous repartirions demain dès l’aube, et nous aurions toute la matinée pour atteindre le plateau…

— Docteur, répondit Nic Deck, je vous répète que mon intention est de passer la nuit dans le burg.

— Non ! s’écria le docteur, non… tu ne le feras pas, Nic !… Je saurai bien t’en empêcher…

— Vous !

— Je m’accrocherai à toi… Je t’entraînerai !… Je te battrai, s’il le faut… »

Il ne savait plus ce qu’il disait, l’infortuné Patak.

Quant à Nic Deck, il ne lui avait même pas répondu, et, après avoir remis son fusil en bandoulière, il fit quelques pas en se dirigeant vers la berge du Nyad.

« Attends… attends ! s’écria piteusement le docteur. Quel diable d’homme !… Un instant encore !… J’ai les jambes raides… mes articulations ne fonctionnent plus… »

Elles ne tardèrent pourtant pas à fonctionner, car il fallut que