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ce que cela signifie. C’est la première fois qu’une fumée s’échappe de l’une des cheminées du château depuis que le baron Rodolphe de Gortz l’a quitté…

— Il se pourrait, cependant, qu’il y ait eu déjà de la fumée, sans que personne s’en soit aperçu, suggéra maître Koltz.

— Voilà ce que je n’admettrai jamais ! se récria vivement le magister Hermod.

— C’est très admissible, au contraire, fit observer le biró, puisque nous n’avions pas de lunette pour constater ce qui se passait au burg. »

La remarque était juste. Le phénomène pouvait s’être produit depuis longtemps, et avoir échappé même au berger Frik, quelque bons que fussent ses yeux. Quoi qu’il en soit, que ledit phénomène fût récent ou non, il était indubitable que des êtres humains occupaient actuellement le château des Carpathes. Or, ce fait constituait un voisinage des plus inquiétants pour les habitants de Vulkan et de Werst.

Le magister Hermod crut devoir apporter cette objection à l’appui de ses croyances :

« Des êtres humains, mes amis ?… Vous me permettrez de n’en rien croire. Pourquoi des êtres humains auraient-ils eu la pensée de se réfugier au burg, dans quelle intention, et comment y seraient-ils arrivés ?…

— Que voulez-vous donc qu’ils soient, ces intrus ? s’écria maître Koltz.

— Des êtres surnaturels, répondit le magister Hermod d’une voix qui imposait. Pourquoi ne seraient-ce pas des esprits, des babeaux, des gobelins, peut-être même quelques-unes de ces dangereuses lamies, qui se présentent sous la forme de belles femmes… »

Pendant cette énumération, tous les regards s’étaient dirigés vers la porte, vers les fenêtres, vers la cheminée de la grande salle du Roi Mathias. Et, en vérité, chacun se demandait s’il n’allait pas voir