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C’était par là que le baron de Gortz et Orfanik étaient entrés dans la chapelle, et c’était par là qu’ils venaient d’en sortir.

Dès que Franz fut dans la galerie, il se trouva de nouveau au milieu d’une complète obscurité. Après nombre de détours, sans avoir eu ni à monter ni à descendre, il était certain de s’être maintenu au niveau des cours intérieures.

Une demi-heure plus tard, l’obscurité parut être moins profonde : une demi-clarté se glissait à travers quelques ouvertures latérales de la galerie.

Franz put marcher plus rapidement, et il déboucha dans une large casemate, ménagée sous ce terre-plein du bastion, qui flanquait l’angle gauche de la courtine.

Cette casemate était percée d’étroites meurtrières, par lesquelles pénétraient les rayons de la lune.

À l’opposé il y avait une porte ouverte.

Le premier soin de Franz fut de se placer devant une des meurtrières, afin de respirer cette fraîche brise de la nuit durant quelques secondes.

Mais, au moment où il allait se retirer, il crut apercevoir deux ou trois ombres, qui se mouvaient à l’extrémité inférieure du plateau d’Orgall, éclairé jusqu’au sombre massif de la sapinière.

Franz regarda.

Quelques hommes allaient et venaient sur ce plateau, un peu en avant des arbres — sans doute les agents de Karlsburg, ramenés par Rotzko. S’étaient-ils donc décidés à opérer de nuit, dans l’espoir de surprendre les hôtes du château, ou attendaient-ils en cet endroit les premières lueurs de l’aube ?

Quel effort Franz dut faire sur lui-même pour retenir le cri prêt à lui échapper, pour ne pas appeler Rotzko, qui aurait bien su entendre et reconnaître sa voix ! Mais ce cri pouvait arriver jusqu’au donjon, et, avant que les agents eussent escaladé l’enceinte, Rodolphe de Gortz aurait le temps de mettre son appareil en activité et de s’enfuir par le tunnel.