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connaître de ses intentions aux habitants de Werst. Ces gens auraient été capables de se joindre à Rotzko pour le dissuader de s’approcher du burg, et il avait recommandé à son soldat de se taire sur ce projet. En le voyant descendre du village vers la vallée de la Sil, personne ne mettrait en doute que ce ne fût pour prendre la route de Karlsburg. Mais, du haut de la terrasse, il avait remarqué qu’un autre chemin longeait la base du Retyezat jusqu’au col de Vulkan. Il serait donc possible de remonter les croupes du Plesa sans repasser par le village, et, par conséquent, sans être vu de maître Koltz ni des autres.

Vers midi, après avoir réglé sans discussion la note un peu enflée que lui présenta Jonas en l’accompagnant de son meilleur sourire, Franz se disposa au départ.

Maître Koltz, la jolie Miriota, le magister Hermod, le docteur Patak, le berger Frik et nombre d’autres habitants étaient venus lui adresser leurs adieux.

Le jeune forestier avait même pu quitter sa chambre, et l’on voyait bien qu’il ne tarderait pas à être remis sur pied, — ce dont l’ex-infirmier s’attribuait tout l’honneur.

« Je vous fais mes compliments, Nic Deck, lui dit Franz, à vous ainsi qu’à votre fiancée.

— Nous les acceptons avec reconnaissance, répondit la jeune fille, rayonnante de bonheur.

— Que votre voyage soit heureux, monsieur le comte, ajouta le forestier.

— Oui… puisse-t-il l’être ! répondit Franz, dont le front s’était assombri.

— Monsieur le comte, dit alors maître Koltz, nous vous prions de ne point oublier les démarches que vous avez promis de faire à Karlsburg.

— Je ne l’oublierai pas, maître Koltz, répondit Franz. Mais, au cas où je serais retardé dans mon voyage, vous connaissez le très simple moyen de vous débarrasser de ce voisinage inquiétant, et