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DE VIENNE À PRESBOURG ET BUDA-PEST

La distance qui sépare Vienne de Presbourg se chiffre par vingt-cinq lieues environ, et, cette distance, Ilia Krusch en avait franchi les trois-quarts dans la soirée du 21 mai. Après avoir passé la nuit à l’abri d’une pointe, près de l’embouchure d’un petit cours d’eau, à demi-portée de fusil de quelques maisons isolées, il avait jeté sa ligne, pris une vingtaine de poissons de bonne qualité qu’il comptait vendre le soir même dès son arrivée à Presbourg.

Ilia Krusch était seul dans la barge et son compagnon de voyage ne descendait plus avec lui le cours du grand fleuve.

D’où venait ce changement à la situation ? La séparation avait-elle été volontaire ou accidentelle ? Les deux amis — on peut les qualifier de la sorte, et de la part d’Ilia Krusch, c’était une sérieuse amitié — les deux amis ne devaient-ils pas se retrouver plus tard, reprendre ensemble cette navigation ?… L’absence de M. Jaeger n’était-elle que momentanée ?…

Sommairement, voici ce qui s’était passé.

On s’en souvient, Ilia Krusch et M. Jaeger avaient relâché dans la soirée du 18 mai près d’un appontement au fond d’une étroite crique du bras du Nussdorf.

On sait aussi que la barge n’était pas à Vienne même, le fleuve passant un peu dans le nord de la ville. Or, comme il était déjà tard — un peu plus de neuf heures — M. Jaeger remit au lendemain sa visite à la capitale du Royaume d’Autriche.

En ce qui concerne Ilia Krusch, le brave homme n’en était pas à connaître Vienne. Il avait parcouru plusieurs fois déjà la cité dont l’étendue n’est pas très considérable, et ses trente-quatre faubourgs qui portent sa population totale à (…) habitants. S’il n’avait jamais vu que de l’extérieur

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