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Lorsque le nom auquel était attribué le second prix fut prononcé — celui de Ivetozar, l’un des assesseurs — il fut également applaudi comme l’avait été celui de l’Allemand Weber. Il triomphait avec un chevesne de trois livres et demie, qui lui eût assurément échappé sans son sang-froid et son adresse. C’était l’un des membres les plus en vue, les plus actifs, les plus dévoués de la Société, et qui, à cette époque, détenait le record des récompenses. Aussi, fut-il salué par d’unanimes applaudissements.

Il ne restait plus qu’à décerner le premier prix de cette catégorie, et les cœurs palpitaient en attendant le nom du lauréat.

Or, quelle fut la surprise, plus que de la surprise, une sorte de stupéfaction, lorsque le président Miclesco dit d’une voix dont il ne put modérer le tremblement :

« Premier au poids, pour un brochet de dix-sept livres, le Hongrois Ilia Krusch ! »

Encore ce lauréat, deux fois couronné, et qui ne s’était pas présenté la première fois à l’appel de son nom !…

Un grand silence se fit dans l’assistance, les mains prêtes à battre demeurèrent immobiles ; les bouches prêtes à acclamer le vainqueur se turent. Un vif sentiment de curiosité avait immobilisé tout ce monde.

Ilia Krusch allait-il enfin apparaître ? se déciderait-il à recevoir du président Miclesco le diplôme d’honneur et les cent florins qui l’accompagnaient ?

Soudain, un murmure courut à travers l’assemblée.

Un des assistants, qui se tenait un peu à l’écart, venait de se lever et se dirigeait vers l’estrade…

C’était le Hongrois Ilia Krusch.

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