Page:Verne - Le Beau Danube Jaune.djvu/157

Cette page a été validée par deux contributeurs.

xvi

DE GALATZ À LA MER NOIRE

M. Jaeger avait-il été victime d’un accident, ou s’était-il volontairement enfui, personne n’aurait pu le dire. Et encore aurait-il fallu expliquer comment, enfermé dans la cabine, il avait pu la quitter pendant la nuit, bien que deux ou trois hommes fussent de garde jusqu’au jour.

Le patron ne dissimula pas ses sentiments au sujet de cette disparition. Il fit venir Ilia Krusch, il l’interrogea brutalement, il n’en put rien obtenir. Ilia Krusch n’avait point entendu M. Jaeger se lever, il ne l’avait point vu sortir de sa cabine. Il était tout aussi surpris que le patron, et non moins inquiet, mais à un autre point de vue sans doute. Pour lui, M. Jaeger avait dû tomber dans le fleuve et s’être noyé, bien que le chaland ne fût qu’à une demi-encablure de la berge. Quant à une fuite volontaire, pourquoi l’eût-il fait, et surtout sans prévenir Ilia Krusch qui probablement n’eût pas mieux demandé que de le suivre.

On chercha dans tous les coins du chaland… M. Jaeger fut introuvable. Le patron revint alors à Ilia Krusch.

« Qui était ce Jaeger ? » demanda-t-il d’une voix tremblante de colère.

Ilia Krusch, assez embarrassé, ne put que répondre :

« M. Jaeger était mon compagnon de voyage depuis Ulm… C’est là qu’il a pris place dans ma barge pour descendre le Danube jusqu’à son embouchure, après m’avoir acheté toute ma pêche au prix de cinq cents florins… Je n’en sais pas davantage sur son compte…

— Et il ne vous a jamais quitté ?…

— Si, à Vienne, et après une absence de trente et un jours, il m’a rejoint à Belgrade.

158