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Seulement, lorsque le chaland eut envoyé son ancre dehors, Ilia Krusch en parut surpris et dit à M. Jaeger :

« Le pilote aurait mieux fait de mouiller plus près de la rive… Il en est à vingt brasses au moins, et ce n’est pas très sûr… Si son ancre venait à manquer, ou s’il était pris par le travers… Il est vrai, il n’y a pas grand fond par ici, mais enfin, il ne doit pas tirer plus de trois à quatre pieds même à pleine charge, et il aurait bien pu s’approcher de manière à tenir ses amarres à terre. À quoi pense dont le pilote ? »

Cependant le pilote ne changea point son mouillage. M. Jaeger put voir que l’homme amené la veille par l’embarcation et les mariniers, postés sur l’(avant), observaient la situation avec soin. Mais, en fin de compte, le mouillage ne fut point modifié.

La nuit tomba vite, nuit obscure, nuit pluvieuse, nuit sans lune. Jusqu’à huit heures, M. Jaeger se promena sur la berge, bien que les rafales se déchaînassent avec une extraordinaire fureur. Mais la pluie redoubla bientôt, et il dut rejoindre son compagnon.

À huit heures et demie, tous deux étaient étendus sous le tôt, bien à l’abri. Ils n’y purent dormir, tant la tempête faisait rage, et vers deux heures du matin, ce n’est pas sans vive émotion qu’ils entendirent des cris de détresse, au milieu des sifflements de la tourmente.

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