Page:Verne - Le Beau Danube Jaune.djvu/143

Cette page a été validée par deux contributeurs.

vail sur ce sujet, où seraient traitées toutes les questions relatives à la batellerie dont l’importance s’accroît sans cesse, et n’était-ce pas, en somme, le but de son voyage ?…

Et, comme Ilia Krusch le pressentait à cet égard :

« Il y a quelque chose comme cela, répondit-il en souriant.

— Alors, monsieur Jaeger, j’espère que vous tirerez profit de votre navigation…

— Je l’espère, monsieur Krusch, et j’aime à penser que je n’aurai pas perdu mon temps.

— Alors, il ne vous paraît pas trop long ?

— Oh, monsieur Krusch, en votre compagnie… en votre compagnie !… »

Et le brave homme se sentit profondément touché de cette réponse. Certes, cette amitié qu’il ressentait pour M. Jaeger, il saurait la pousser jusqu’au dévouement, s’il se présentait jamais l’occasion de le faire !

Pendant ces deux journées que la barge mit à gagner Roustchouk, le fleuve n’offrait aux regards que des sites peu variés. Toujours des cabanes, des huttes, sur la rive valaque et sur la rive bulgare, et aussi les postes des gardes frontières. Parfois un village, quelques maisons éparses que domine le grand levier du puits banal. Du côté bulgare, une longue falaise, où s’appuie un banc rocheux, qui se continue jusqu’à la ville qui a donné son nom à un livah de la principauté.

Ainsi que l’avait annoncé Ilia Krusch, tous deux arrivèrent devant Roustchouk dans la soirée du 7 juillet.

Le fleuve est très large en cet endroit. Sur la rive valaque, en face de Roustchouk, s’élève la ville de Giurgevo, au milieu d’une plaine aride. On y débarque parce que là prend naissance la route qui conduit à Bucarest, la capitale de la Valachie, à (…) lieues dans le nord du Danube. Toutefois, son activité commerciale n’est pas sans importance, activité qui se concentre dans le quartier où, tortueuses, étroites, sales, se croisent les rues sur lesquelles s’ouvrent des entrepôts pleins de marchandises et des cabarets pleins de pratiques.

Mais ce n’était point Giurgevo que désirait visiter M. Jaeger, c’était Roustchouk, et, ainsi que cela avait été convenu, il allait y passer la journée du lendemain.

Donc, le matin, après avoir pris congé d’Ilia Krusch qu’il laissait à ses occupations habituelles, il mit le pied sur la rive bulgare. Mais au moment de s’éloigner, il se retourna et dit à son compagnon :

144