Page:Verne - Le Beau Danube Jaune.djvu/138

Cette page a été validée par deux contributeurs.

xiv

NICOPOLI, ROUSTCHOUK, SILISTRIE

Le lendemain matin, tandis que M. Jaeger dormait encore, Ilia Krusch fit bonne pêche. Passer de nuit dans le défilé des Portes de Fer où le Danube est profond de cinquante mètres n’eût pas été prudent. L’atterrage y est difficile, et les bateaux sont exposés à voir rompre leurs amarres sous le coup des eaux furieuses. Aussi les bateaux, d’habitude, relâchent-ils au-dessus ou au-dessous, le long des berges, en toute sécurité. Ainsi, Ilia Krusch, après une heure et demie de traversée avait-il regagné la partie évasée du fleuve et pris son poste un peu au-dessous de la petite ville moderne de Turnu-Severinu, qui, par suite de sa position, doit envisager un bel avenir commercial.

Lorsque M. Jaeger vint hors du tôt respirer l’air matinal, la barge était déjà en cours de navigation. Un peu plus des trois quarts du voyage se trouvait effectué à cette date du 27 juin, et il restait encore près de deux cents lieues pour que l’embouchure du Danube fût atteinte. En somme, dangers et fatigues avaient été épargnés à Ilia Krusch comme à son compagnon, et tout portait à penser qu’il en serait ainsi jusqu’au but.

« Rien de nouveau, avait demandé M. Jaeger, dont le regard s’était tout d’abord promené en amont et en aval.

— Rien, monsieur Jaeger, mais le temps ne me paraît pas très sûr… Peut-être aurons-nous de l’orage, et après l’orage quelques heures de rafales…

— Bon ! répondit M. Jaeger, nous en serons quittes pour nous mettre à l’abri sous les berges. Et les chalands ?…

— Vous les voyez… une douzaine en file. Mais leur nombre diminuera à mesure que nous descendrons… La plupart ne vont guère plus loin que Silistrie ou Galatz, et il est rare qu’ils soient à destination des ports à l’embouchure du fleuve. »

139