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DE BELGRADE AUX PORTES DE FER

M. Jaeger et Ilia Krusch ne s’étaient pas revus depuis leur séparation à Vienne, le 20 mai, soit trente et un jours. Il y avait quarante-huit heures que M. Jaeger était arrivé à Belgrade. La raison de cette longue absence, assurément Ilia Krusch ne la lui demanderait pas, par discrétion. L’important était que tous deux allaient reprendre ensemble le cours de leur navigation.

« Quand partons-nous ? » Telle avait été la première question posée par Ilia Krusch.

— À l’instant, si vous le voulez, avait répondu M. Jaeger, et cela même vous épargnera les honneurs dont vous êtes peu friand…

— En effet, monsieur Jaeger. Ainsi mon arrivée ?…

— Est indiquée pour demain seulement. Tantôt les journaux vous mettent en retard, tantôt ils vous mettent en avance, et il n’est que temps…

— À vos ordres, monsieur Jaeger. Il est à peine quatre heures, et pendant trois heures de jour, nous gagnerons deux ou trois lieues en aval de Belgrade…

— Entendu, monsieur Krusch, entendu. »

M. Jaeger, aux yeux d’un observateur, eût peut-être paru bien pressé de quitter la capitale de la Serbie. Mais Ilia Krusch ne l’observa même pas. Il ne voyait qu’une chose, c’est que M. Jaeger lui était rendu et ne demandait qu’à partir.

Cependant celui-ci crut devoir ajouter, mais en homme qui savait d’avance ce que lui répondrait son compagnon :

« À moins, monsieur Krusch, que vous n’ayez affaire à Belgrade…

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