Page:Verne - Le Beau Danube Jaune.djvu/12

Cette page a été validée par deux contributeurs.

LE BEAU DANUBE JAUNE

i

AU CONCOURS DE SIGMARINGEN

Ce jour-là, — 25 avril — une vive animation qui se traduisait par les chants, les hochs, les applaudissements, et le choc des verres, remplissait le cabaret à l’enseigne du Rendez-vous des Pêcheurs.

Les fenêtres de ce cabaret s’ouvraient sur la rive gauche du Danube à l’extrémité de la charmante petite ville de Sigmaringen, capitale de l’enclave prussienne des Hoenzollern, située presque à l’origine de ce grand fleuve de l’Europe centrale.

Ainsi que l’indiquait son enseigne, peinte en belles lettres gothiques au-dessus de la porte d’entrée, c’est dans ledit cabaret que s’étaient réunis, ce jour-là, les membres de la « Ligne Danubienne »[1], société internationale de Pêcheurs, pour la plupart de nationalité allemande, autrichienne et hongroise. On y buvait de la bonne bière de Munich et du bon vin de Hongrie, à pleines chopes et à pleins verres. Et, pendant ces séances, la grande salle, sous le jet continu des longues pipes, disparaissait au milieu des volutes de fumée odorante. Si les sociétaires ne s’entrevoyaient même plus, ils s’entendaient de reste, et comment ne pas s’entendre à moins d’être sourds.

  1. À noter, qu’en raison d’une mauvaise lecture de la frappe, Michel Verne écrit « Ligue » au lieu de « Ligne », pourtant plus logique pour une association de pêcheurs qu’une union d’intérêts politiques (NDLR).
13