Page:Verne - Le Beau Danube Jaune.djvu/105

Cette page a été validée par deux contributeurs.

soir dorait de ses derniers feux ; oui, si toutes ces merveilles n’eussent pas sollicité son regard, peut-être aurait-il fait cette observation qu’eût faite assurément M. Jaeger : c’est que depuis un certain temps déjà, une embarcation, montée par trois hommes, deux aux avirons, un à la barre, semblait se tenir en arrière de la barge.

Comme Ilia Krusch connaissait un petit coin du fleuve, à l’extrémité de la ville, où il serait bien tranquille pendant ses douze ou trente-six heures de relâche, il continua sa route, et l’embarcation l’accompagna, à la distance d’une vingtaine de pieds.

Enfin, la barge atteignit la place qu’elle devait occuper, un enfoncement où elle n’aurait à craindre ni collision ni indiscrétion.

Mais, au grand ennui d’Ilia Krusch, une cinquantaine de personnes, hommes et femmes, étaient réunis en cet endroit du quai.

« Bon ! se dit Ilia Krusch, je suis signalé ! »

Et peut-être allait-il reprendre sa route, lorsque l’embarcation vint accoster.

Quant aux curieux, ils semblaient animés d’intentions plutôt malveillantes que bienveillantes, et un sourd murmure courait à travers cette foule.

L’homme, qui était à l’arrière de l’embarcation, sauta dans la barge avec l’un de ses compagnons. Puis, s’adressant au nouvel arrivé :

« Vous êtes bien Ilia Krusch ?… demanda-t-il.

— Oui… murmura le brave homme.

— Alors, suivez-moi ! »

106