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le géant d’acier.

tinée au cuisinier, l’autre au brosseur du capitaine Hod ; plus, d’autres chambres, servant d’armurerie, de glacière, de compartiment de bagages, etc., et s’ouvrant sur le balcon à vérandah de l’arrière.

On le voit, Banks avait intelligemment et confortablement disposé les deux habitations roulantes de Steam-House. Elles pouvaient être chauffées, pendant l’hiver, au moyen d’un appareil dont l’air chaud, fourni par la machine, circulait à travers les chambres, sans compter deux petites cheminées, installées dans le salon et la salle à manger. Nous étions donc en mesure de braver les rigueurs de la saison froide, même sur les premières pentes des montagnes du Thibet.

L’importante question des provisions n’avait pas été négligée, on le pense bien, et nous emportions, en conserves de choix, de quoi nourrir pendant un an tout le personnel de l’expédition. Ce dont nous avions le plus abondamment, c’étaient des boîtes de viandes conservées des meilleures marques, principalement du bœuf bouilli et du bœuf en daube, et des pâtés de ces « mourghis », ou poulets, dont la consommation est si considérable dans toute la péninsule indienne.

Le lait ne devait pas, non plus, nous manquer pour le déjeuner du matin, qui précède le déjeuner sérieux, ni le bouillon pour le « tiffin », qui précède le dîner du soir, grâce aux préparations nouvelles qui permettent de les transporter au loin à l’état concentré.

Après avoir été soumis à l’évaporation, de manière à prendre une consistance pâteuse, le lait est enfermé dans des boîtes hermétiquement closes, d’une contenance de quatre cent cinquante grammes, qui peuvent fournir trois litres de liquide, en les additionnant d’un quintuple poids d’eau. Dans ces conditions, il est identique par sa composition au lait normal et de bonne qualité. Même résultat pour le bouillon, qui, après avoir été conservé par des moyens analogues et réduit en tablettes, donne par dissolution d’excellents potages.

Quant à la glace, d’un emploi si utile sous ces chaudes latitudes, il nous était facile de la produire, en peu d’instants, au moyen de ces appareils Carré, qui provoquent l’abaissement de la température par l’évaporation du gaz ammoniac liquéfié. Un des compartiments d’arrière était même disposé comme une glacière, et soit par l’évaporation de l’ammoniaque, soit par la volatilisation de l’éther méthylique, le produit de nos chasses pouvait être indéfiniment conservé, grâce à l’application des procédés dus à un Fran-