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le passage de la betwa.

— Kâlagani ne le pense pas, répondit Mac Neil.

— Qu’y a-t-il, selon vous ? demanda le colonel Munro à l’Indou, qui venait de nous rejoindre.

— Je ne sais, colonel Munro, répondit Kâlagani, mais il ne s’agit là ni de tigres, ni de panthères, ni même de chacals. Je crois entrevoir sous les arbres une masse confuse…

— Nous le saurons bien ! s’écria le capitaine Hod, songeant toujours au cinquantième tigre qui lui manquait.

— Attendez, Hod, lui dit Banks. Dans le Bundelkund, il est toujours bon de se défier des coureurs de grandes routes.

— Nous sommes en nombre et bien armés ! répondit le capitaine Hod. Je veux en avoir le cœur net !

— Soit ! » dit Banks.

Les deux chiens aboyaient toujours, mais sans manifester aucun symptôme de cette colère qu’eut inévitablement provoquée l’approche d’animaux féroces.

« Munro, dit alors Banks, demeure au campement avec Mac Neil et les autres. Pendant ce temps, Hod, Maucler, Kâlagani et moi, nous irons en reconnaissance.

— Venez-vous ? » cria le capitaine Hod, qui, en même temps, fit signe à Fox de l’accompagner.

Phann et Black, déjà sous le couvert des premiers arbres, montraient le chemin. Il n’y avait qu’à les suivre.

À peine étions-nous sous bois, qu’un bruit de pas se fit entendre. Évidemment, une troupe nombreuse battait l’estrade sur la lisière de notre campement. On entrevoyait quelques ombres silencieuses, qui s’enfuyaient à travers les fourrés.

Les deux chiens, courant, aboyant, allaient et venaient à quelques pas en avant.

« Qui va là ? » cria le capitaine Hod.

Pas de réponse.

« Ou ces gens-là ne veulent pas répondre, dit Banks, ou ils ne comprennent pas l’anglais.

— Eh bien, ils comprennent l’indou, répondis-je.

— Kâlagani, dit Banks, criez en indou que si l’on ne répond pas, nous faisons feu. »