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la maison à vapeur.

— Et votre blessure ? demandai-je.

— Ce n’est rien ! »

Cinq ou six coups de feu éclatèrent en ce moment. Ils partaient de la case, occupée par Mathias Van Guitt, contre laquelle s’acharnaient deux tigres et trois panthères.

L’un de ces animaux tomba foudroyé d’une balle explosible, qui devait sortir de la carabine de Storr.

Quant aux autres, ils s’étaient tout d’abord précipités sur le groupe des buffles, et ces malheureux ruminants allaient se trouver sans défense contre de tels adversaires.

Fox, Kâlagani et les Indous, qui avaient dû jeter leurs armes pour grimper plus vite dans les arbres, ne pouvaient leur venir en aide.

Cependant, le capitaine Hod, passant sa carabine à travers les barreaux de notre cage, fit feu. Bien que son bras droit, à demi paralysé par sa blessure, ne lui permît pas de tirer avec sa précision habituelle, il eut la chance d’abattre son quarante-neuvième tigre.

À ce moment, les buffles, affolés, se précipitèrent en beuglant à travers l’enceinte. Vainement, ils essayèrent de faire tête aux tigres, qui, par des bonds formidables, échappaient aux coups de cornes. L’un d’eux, coiffé d’une panthère, dont les griffes lui déchiraient le garrot, arriva devant la porte du kraal et s’élança au dehors.

Cinq ou six autres, serrés de plus près par les fauves, s’échappèrent à sa suite et disparurent.

Quelques-uns des tigres se mirent à leur poursuite ; mais ceux de ces buffles qui n’avaient pu abandonner le kraal, égorgés, éventrés, gisaient déjà sur le sol.

Cependant, d’autres coups de feu éclataient à travers les fenêtres de la case. De notre côté, le capitaine Hod et moi, nous faisions de notre mieux. Un nouveau danger nous menaçait.

Les animaux renfermés dans les cages, surexcités par l’acharnement de la lutte, l’odeur du sang, les hurlements de leurs congénères, se débattaient avec une indescriptible violence. Allaient-ils parvenir à briser leurs barreaux ? Nous devions véritablement le craindre.

En effet, une des cages à tigres fut renversée. Je crus un instant que ses parois rompues leur avaient livré passage !…

Il n’en était rien, heureusement, et les prisonniers ne pouvaient même plus