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mathias van guitt.

limitée à l’horizon d’une rampe et d’un rideau de fond, s’est écoulée entre le « côté cour » et le « côté jardin » d’un théâtre de mélodrame ? Parleurs infatigables, gesticulateurs gênants, poseurs infatués d’eux-mêmes, ils portent haut, en la rejetant en arrière, leur tête, trop vide dans la vieillesse pour avoir jamais été bien remplie dans l’âge mûr. Il y avait certainement du vieil acteur dans ce Mathias Van Guitt.

J’ai entendu quelquefois raconter cette plaisante anecdote, au sujet d’un pauvre diable de chanteur, qui croyait devoir souligner par un geste spécial tous les mots de son rôle.

Ainsi, dans l’opéra de Masaniello, lorsqu’il entonnait à pleine voix :

Si d’un pêcheur Napolitain…

son bras droit, tendu vers la salle, remuait fébrilement comme s’il eût tenu au bout de sa ligne le brochet que venait de ferrer son hameçon. Puis, continuant :

Le Ciel voulait faire un monarque,

tandis que l’une de ses mains se dressait droit vers le zénith pour indiquer le ciel, l’autre, traçant un cercle autour de sa tête fièrement relevée, figurait une couronne royale.

Rebelle aux arrêts du destin,

Tout son corps résistait violemment à une poussée qui tendait à le rejeter en arrière,

Il dirait en guidant sa barque…

Et alors ses deux bras, vivement ramenés de gauche à droite et de droite à gauche, comme s’il eût manœuvré la godille, témoignaient de son adresse à diriger une embarcation.

Eh bien, ces procédés, familiers au chanteur en question, c’étaient, à peu près, ceux du fournisseur Mathias Van Guitt. Il n’employait dans son langage que des termes choisis, et devait être très gênant pour l’interlocuteur, qui ne pouvait se mettre hors du rayon de ses gestes.

Ainsi que nous l’apprîmes plus tard et de sa bouche même, Mathias Van Guitt était un ancien professeur d’histoire naturelle au Muséum de Rotterdam, auquel le professorat n’avait pas réussi. Il est certain que ce digne homme devait prêter à rire, et que si les élèves venaient en foule à sa chaire, c’était pour s’amuser, non pour apprendre. En fin de compte, les circonstances