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mathias van guitt.

— Oh ! répondit le capitaine Hod, en amateurs, soit ! mais en amateurs bien armés ! Il ne s’agit pas d’aller se promener la canne à la main ! Voilà qui humilierait les fauves du Tarryani !

— Convenu ! répondit l’ingénieur.

— Ainsi, Fox, reprit le capitaine en s’adressant à son brosseur, pas d’erreur, cette fois ! Nous sommes dans le pays des tigres ! Quatre carabines Enfield pour le colonel, Banks, Maucler et moi, deux fusils à balle explosive pour toi et pour Goûmi.

— Soyez tranquille, mon capitaine, répondit Fox. Le gibier n’aura pas à se plaindre ! »

Cette journée devait donc être consacrée à la reconnaissance de cette forêt du Tarryani qui hérisse la partie inférieure de l’Himalaya, au-dessous de notre sanitarium. Donc, vers onze heures, après le déjeuner, sir Edward Munro, Banks, Hod, Fox, Goûmi et moi, tous bien armés, nous descendions la route qui oblique vers la plaine, après avoir eu soin de laisser au campement les deux chiens, dont nous n’avions que faire dans cette expédition.

Le sergent Mac Neil était resté à Steam-House, avec Storr, Kâlouth et le cuisinier, afin d’achever les travaux d’installation. Après un voyage de deux mois, le Géant d’Acier avait besoin d’être, intérieurement et extérieurement, visité, nettoyé, mis en état. Cela constituait une besogne longue, minutieuse, délicate, qui ne laisserait pas chômer ses cornacs ordinaires, le chauffeur et le mécanicien.

À onze heures, nous avions quitté le sanitarium, et, quelques minutes après, au premier tournant de la route, Steam-House disparaissait derrière son épais rideau d’arbres.

Il ne pleuvait plus. Sous la poussée d’un vent frais du nord-est, les nuages, plus « débraillés », courant dans les hautes zones de l’atmosphère, chassaient avec vitesse. Le ciel était gris, — température convenable pour des piétons ; mais, aussi, absence de ces jeux de lumière et d’ombre qui sont le charme des grands bois.

Deux mille mètres à descendre sur un chemin direct, c’eût été l’affaire de vingt-cinq à trente minutes, si la route ne se fût allongée de toutes les sinuosités par lesquelles elle rachetait la raideur des pentes. Il ne nous fallut pas moins d’une heure et demie pour atteindre la limite supérieure des forêts du Tarryani, à cinq ou six cents pieds au-dessus de la plaine. Le chemin s’était fait en belle humeur.