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triples feux.

CHAPITRE XII

triples feux.


L’Inde partage avec certains territoires du Brésil, — celui de Rio-Janeiro entre autres, — le privilège d’être de tous les pays du globe le plus troublé par les orages. Si en France, en Angleterre, en Allemagne, dans cette partie moyenne de l’Europe, on n’estime pas à plus de vingt par an le nombre des jours où les éclats du tonnerre se font entendre, il convient de savoir que, dans la péninsule indienne, ce nombre s’élève annuellement au delà de cinquante.

Voilà pour la météorologie générale. Dans ce cas particulier, en raison des circonstances dans lesquelles il se produisait, nous devions attendre un orage d’une violence extrême.

Dès que nous fûmes rentrés à Steam-House, je consultai le baromètre. Une baisse de deux pouces s’était subitement faite dans la colonne mercurielle, — de vingt-neuf à vingt-sept pouces[1].

Je le fis observer au colonel Munro.

« Je suis inquiet de l’absence du capitaine Hod et de ses compagnons, me répondit-il. L’orage est imminent, la nuit vient, les ténèbres s’accroissent. Des chasseurs s’éloignent toujours plus qu’ils ne le promettent et même plus qu’ils ne le veulent. Comment retrouveront-ils leur chemin dans cette profonde obscurité ?

– Les enragés ! dit Banks. Il a été impossible de leur faire entendre raison ! Très certainement, ils auraient mieux fait de ne pas partir !

– Sans doute, Banks, mais ils sont partis, répondit le colonel Munro, et il faut tout faire pour qu’ils reviennent.

– N’y a-t-il pas un moyen de signaler l’endroit où nous sommes ? demandai-je à l’ingénieur.

  1. Environ sept cent trente millimètres.