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le changement de mousson.

– Soyez tranquille, Banks. Il est sept heures à peine, et je ne demande à mon colonel qu’une permission de dix heures.

– Allez donc, mon cher Hod, répondit sir Edward Munro, mais tenez compte des recommandations de Banks.

– Oui, mon colonel. »

Le capitaine Hod, Fox et Goûmi, armés d’excellentes carabines de chasse, quittèrent le campement et disparurent sous les hauts banians qui bordaient la droite de la route.

J’avais été si fatigué par la chaleur, pendant cette journée, que je préférai rester à Steam-House.

Cependant, par ordre de Banks, les feux, au lieu d’être complètement éteints, furent seulement repoussés au fond du foyer, de manière à conserver une ou deux atmosphères de pression dans la chaudière. L’ingénieur voulait être, le cas échéant, prêt à tout événement.

Storr et Kâlouth s’occupèrent alors de refaire le combustible et l’eau. Un petit ruisseau, qui coulait sur la gauche de la route, leur fournit le liquide nécessaire, et les arbres voisins le bois dont ils avaient besoin pour charger le tender. Pendant ce temps, monsieur Parazard vaquait à ses occupations habituelles, et, tout en desservant les restes du dîner du jour, il méditait le menu du dîner du lendemain.

Il faisait encore assez clair. Le colonel Munro, Banks, le sergent Mac Neil et moi, nous allâmes faire la sieste sur le bord du ruisseau. Le courant de cette eau limpide rafraîchissait l’atmosphère, qui était réellement étouffante, même à cette heure. Le soleil n’était pas encore couché. Sa lumière, par opposition, teintait d’une couleur d’encre bleue la masse des vapeurs, que l’on voyait s’accumuler peu à peu au zénith, à travers les grandes déchirures du feuillage. C’étaient des nuages lourds, épais, condensés, dont aucun vent ne semblait provoquer la marche, et qui paraissaient avoir leur moteur en eux-mêmes.

Notre causerie dura jusqu’à huit heures environ. De temps en temps, Banks se levait et allait prendre une vue plus étendue de l’horizon, en s’avançant jusqu’à la lisière de la forêt qui coupait brusquement la plaine, à moins d’un quart de mille du campement. Lorsqu’il revenait, il hochait la tête d’un air peu rassuré.

La dernière fois, nous l’avions accompagné. Déjà l’obscurité commençait à se faire sous le couvert des banians. Arrivés à la lisière, je vis qu’une