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LA JANGADA




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UN COUP DE CANON



Benito était donc descendu sous cette vaste nappe qui lui dérobait encore le cadavre de l’aventurier. Ah ! s’il avait eu le pouvoir de les détourner, de les vaporiser, de les tarir, ces eaux du grand fleuve, s’il avait pu mettre à sec tout ce bassin de Frias, depuis le barrage d’aval jusqu’au confluent du rio Negro, déjà, sans doute, cet étui, caché dans les vêtements de Torrès, aurait été entre ses mains ! L’innocence de son père eût été reconnue ! Joam Dacosta, rendu à la liberté, aurait repris avec les siens la descente du fleuve, et que de terribles épreuves eussent pu être évitées !

Benito avait pris pied sur le fond. Ses lourdes semelles faisaient craquer le gravier du lit. Il se trouvait alors par dix à quinze pieds d’eau environ,