— Si vous n’en avez pas vu, reprit le pilote, c’est qu’il n’y en a pas, et s’il n’y en a pas, c’est que ces animaux n’ont aucun intérêt à s’aventurer dans des eaux blanches, quand, à un quart de mille d’ici, se trouvent de larges étendues de ces eaux noires qu’ils recherchent de préférence ! Lorsque la jangada a été attaquée par quelques-uns de ces animaux, c’est qu’en cet endroit il n’y avait aucun affluent de l’Amazone où ils pussent se réfugier. Ici, c’est tout autre chose. Allez sur le rio Negro, et là, vous trouverez des caïmans par vingtaines ! Si le corps de Torrès était tombé dans cet affluent, peut-être n’y aurait-il plus aucun espoir de jamais le retrouver ! Mais c’est dans l’Amazone qu’il s’est perdu, et l’Amazone nous le rendra ! »
Benito, soulagé de cette crainte, prit la main du pilote, il la serra et se contenta de répondre :
« À demain ! mes amis. »
Dix minutes plus tard, tout le monde était à bord de la jangada.
Pendant cette journée, Yaquita avait passé quelques heures près de son mari. Mais, avant de partir, lorsqu’elle ne vit plus ni le pilote, ni Manoel, ni Benito, ni les embarcations, elle comprit à quelles sortes de recherches on allait se livrer. Toutefois elle n’en voulut rien dire à Joam Dacosta, espérant que