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LA JANGADA

au milieu des forêts d’Iquitos, il poursuivait un singe, qui lui avait volé un étui de métal, auquel il tenait singulièrement, et sa poursuite durait déjà depuis deux heures lorsque ce singe est tombé sous nos balles. Eh bien, peux-tu croire que ce soit pour les quelques pièces d’or enfermées dans cet étui que Torrès avait mis un tel acharnement à le ravoir, et ne te souviens-tu pas de l’extraordinaire satisfaction qu’il laissa paraître lorsque tu lui remis cet étui, arraché à la main du singe ?

— Oui !… oui !… répondit Benito. Cet étui que j’ai tenu, que je lui ai rendu !… Peut-être renfermait-il… !

— Il y a là plus qu’une probabilité !… Il y a une certitude !… répondit Manoel.

— Et j’ajoute ceci, dit Fragoso, — car ce fait me revient maintenant à la mémoire. Pendant la visite que vous avez faite à Ega, je suis resté à bord, sur le conseil de Lina, afin de surveiller Torrès, et je l’ai vu… oui… je l’ai vu lire et relire un vieux papier tout jauni… en murmurant des mots que je ne pouvais comprendre !

— C’était le document ! s’écria Benito, qui se raccrochait à cet espoir, — le seul qui lui restât ! — Mais, ce document, n’a-t-il pas dû le déposer en lieu sûr ?