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RÉSOLUTIONS.

Le jeune homme, passant la main sur ses yeux, fit un violent effort sur lui-même.

« Benito, reprit Manoel, Torrès n’a jamais rien dit qui puisse nous mettre sur la trace de son passé. Nous ne pouvons donc savoir quel est l’auteur du crime de Tijuco, ni dans quelles conditions il l’a commis. Chercher de ce côté, ce serait perdre notre temps !

— Et le temps nous presse ! ajouta Fragoso.

— D’ailleurs, dit Manoel, lors même que nous parviendrions à découvrir quel a été ce compagnon de Torrès, il est mort, et il ne pourrait témoigner de l’innocence de Joam Dacosta. Mais il n’en est pas moins certain que la preuve de cette innocence existe, et il n’y a pas lieu de douter de l’existence d’un document, puisque Torrès venait en faire l’objet d’un marché. Il l’a dit lui-même. Ce document, c’est un aveu entièrement écrit de la main du coupable, qui rapporte l’attentat jusque dans ses plus petits détails, et qui réhabilite notre père ! Oui, cent fois oui ! ce document existe !

— Mais Torrès n’existe plus, lui ! s’écria Benito, et le document a péri avec ce misérable !…

— Attends et ne désespère pas encore ! répondit Manoel. Tu te rappelles dans quelles conditions nous avons fait la connaissance de Torrès ? C’était