avant de quitter la jangada ! Pourquoi avait-il voulu se réserver de ne parler qu’au juge de cette preuve matérielle de sa non-culpabilité ! Pourquoi, dans son entretien avec Manoel, après l’expulsion de Torrès, s’était-il tu sur ce document que l’aventurier prétendait avoir entre les mains ! Mais, après tout, quelle foi devait-il ajouter à ce que lui avait dit Torrès ? Pouvait-il être certain qu’un tel document fût en la possession de ce misérable ?
Quoi qu’il en soit, la famille savait tout maintenant, et de la bouche même de Joam Dacosta. Elle savait qu’au dire de Torrès la preuve de l’innocence du condamné de Tijuco existait réellement ; que ce document avait été écrit de la main même de l’auteur de l’attentat ; que ce criminel, pris de remords, au moment de mourir, l’avait remis à son compagnon Torrès, et que celui-ci, au lieu de remplir les volontés du mourant, avait fait de la remise de ce document une affaire de chantage !… Mais elle savait aussi que Torrès venait de succomber dans ce duel, que son corps s’était englouti dans les eaux de l’Amazone, et qu’il était mort, sans même avoir prononcé le nom du vrai coupable !
À moins d’un miracle, Joam Dacosta, maintenant, devait être considéré comme irrémissiblement perdu. La mort du juge Ribeiro, d’une part, la mort de