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LE DERNIER COUP.

une manchetta de sa ceinture et se mit sur l’offensive.

Manoel et Fragoso, par un mouvement identique, s’étaient aussi rapidement armés.

« Trois contre un ! dit Torrès.

— Non ! Un contre un ! répondit Benito.

— Vraiment ! J’aurais plutôt cru à un assassinat de la part du fils d’un assassin !

— Torrès ! s’écria Benito, défends-toi, ou je te tue comme un chien enragé !

— Enragé, soit ! répondit Torrès. Mais je mords, Benito Dacosta, et gare aux morsures ! »

Puis, ramenant à lui sa manchetta, il se mit en garde, prêt à s’élancer sur son adversaire.

Benito avait reculé de quelques pas.

« Torrès, dit-il, en reprenant tout le sang-froid qu’il avait un instant perdu, vous étiez l’hôte de mon père, vous l’avez menacé, vous l’avez trahi, vous l’avez dénoncé, vous avez accusé un innocent, et, avec l’aide de Dieu, je vais vous tuer ! »

Le plus insolent sourire s’ébaucha sur les lèvres de Torrès. Peut-être ce misérable eut-il, en ce moment, la pensée d’empêcher tout combat entre Benito et lui, et il le pouvait. En effet, il avait compris que Joam Dacosta n’avait rien dit de ce document qui renfermait la preuve matérielle de son innocence.

Or, en révélant à Benito que lui, Torrès, possédait