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LE DERNIER COUP.

Et, tout en parlant, il tira de son poncho une manchetta, cette arme offensive ou défensive, — au choix, — qui ne quitte jamais un Brésilien. Puis, à demi courbé, il attendit de pied ferme.

« Je suis venu vous chercher, Torrès, dit alors Benito, qui n’avait pas bougé devant cette altitude provocatrice.

— Me chercher ? répondit l’aventurier. Je ne suis pas difficile à rencontrer ! Et pourquoi me cherchiez-vous ?

— Afin d’apprendre de votre bouche ce que vous paraissez savoir du passé de mon père !

— Vraiment !

— Oui ! j’attends que vous me disiez comment vous l’avez reconnu, pourquoi vous étiez à rôder autour de notre fazenda dans les forêts d’Iquitos, pourquoi vous l’attendiez à Tabatinga ?…

— Eh bien ! il me semble que rien n’est plus clair ! répondit Torrès en ricanant. Je l’ai attendu pour m’embarquer sur sa jangada, et je me suis embarqué dans l’intention de lui faire une proposition très simple… qu’il a peut-être eu tort de rejeter ! »

À ces mots. Manoei ne put se retenir. La figure pâle, l’œil en feu, il marcha sur Torrès.

Benito, voulant épuiser tous les moyens de conciliation, s’interposa entre l’aventurier et lui.