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LE DERNIER COUP.

à celui qu’on lui désignait, venait de passer en se dirigeant vers l’angle formé par les deux cours d’eau à leur confluent.

Sans en demander davantage, Benito, par un mouvement irrésistible, se jeta en avant, et ses deux compagnons durent se hâter, afin de ne pas se laisser distancer par lui.

La rive gauche de l’Amazone apparaissait alors à moins d’un quart de mille. Une sorte de falaise s’y dessinait en cachant une partie de l’horizon, et limitait la portée du regard à un rayon de quelques centaines de pas.

Benito, précipitant sa course, disparut bientôt derrière l’une de ces tumescences sablonneuses.

« Plus vite ! plus vite ! dit Manoel à Fragoso. Il ne faut pas le laisser seul un instant ! »

Et tous deux se jetaient dans cette direction, quand un cri se fit entendre.

Benito avait-il aperçu Torrès ? Celui-ci l’avait-il vu ? Benito et Torrès s’étaient-ils déjà rejoints ? Manoel et Fragoso, cinquante pas plus loin, après avoir rapidement tourné une des pointes de la berge, voyaient deux hommes arrêtés en face l’un de l’autre.

C’était Torrès et Benito.

En un instant, Manoel et Fragoso furent à leur côté.