Page:Verne - La Jangada, 1881, t2.djvu/58

Cette page a été validée par deux contributeurs.

51
LE DERNIER COUP.

Torrès avait-il donc quitté Manao ? Fallait-il perdre tout espoir de le rejoindre ?

Manoel essayait en vain de calmer Benito, dont la tête était en feu. Coûte que coûte, il lui fallait Torrès !

Le hasard allait le servir, et ce fut Fragoso qui fut enfin mis sur la véritable piste.

Dans une auberge de la rue de Dieu-le-Saint-Esprit, au signalement qu’il donna de l’aventurier, on lui répondit que l’individu en question était descendu la veille dans la loja.

« A-t-il couché dans l’auberge ? demanda Fragoso.

— Oui, répondit l’aubergiste.

— Est-il là en ce moment ?

— Non, il est sorti.

— Mais a-t-il réglé son compte comme un homme qui se dispose à partir ?

— En aucune façon ; il a quitté sa chambre depuis une heure, et il rentrera sans doute pour le souper.

— Savez-vous quel chemin il a pris en sortant ?

— On l’a vu se diriger vers l’Amazone, en descendant par la basse ville, et il est probable qu’on le rencontrerait de ce côté. »

Fragoso n’avait pas à en demander davantage. Quelques instants après, il retrouvait les deux jeunes gens et leur disait :