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LA JANGADA

talièrement accueilli, n’était venu à moi que pour me proposer d’acheter son silence, pour m’offrir un marché odieux, que je n’aurai jamais le regret d’avoir repoussé, quelles que soient les conséquences de sa dénonciation !

— Toujours ce système ! pensa le juge Jarriquez : accuser les autres pour se décharger soi-même ! »

Mais il n’en écouta pas moins avec une extrême attention le récit que lui fit Joam Dacosta de ses relations avec l’aventurier, jusqu’au moment où Torrès vint lui apprendre qu’il connaissait et qu’il était à même de révéler le nom du véritable auteur de l’attentat de Tijuco.

« Et quel est le nom du coupable ? demanda le juge Jarriquez, ébranlé dans son indifférence.

— Je l’ignore, répondit Joam Dacosta. Torrès s’est bien gardé de me le nommer.

— Et ce coupable est vivant ?…

— Il est mort. »

Les doigts du juge Jarriquez tambourinèrent plus rapidement, et il ne put se retenir de répondre :

« L’homme qui pourrait apporter la preuve de l’innocence d’un accusé est toujours mort !

— Si le vrai coupable est mort, monsieur, répondit Joam Dacosta, Torrès, du moins, est vivant et cette preuve écrite tout entière de la main de l’auteur