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PREUVES MATÉRIELLES.

preuves étaient les plus dignes d’être apportées en justice… »

Le juge Jarriquez ne put retenir un mouvement d’épaules, indiquant que tel n’était pas son avis.

« Puisqu’elles ne suffisent pas, voici quelles sont les preuves matérielles que je suis peut-être en mesure de produire, reprit Joam Dacosta. Je dis « peut-être », car je ne sais pas encore quel crédit il convient de leur accorder. Aussi, monsieur, n’ai-je parlé de cela ni à ma femme ni à mes enfants, ne voulant pas leur donner un espoir qui pourrait être déçu.

— Au fait, répondit le juge Jarriquez.

— J’ai tout lieu de croire, monsieur, que mon arrestation, la veille de l’arrivée de la jangada à Manao, a été motivée par une dénonciation adressée au chef de police.

— Vous ne vous trompez pas, Joam Dacosta, mais je dois vous dire que cette dénonciation est anonyme.

— Peu importe, puisque je sais qu’elle n’a pu venir que d’un misérable, appelé Torrès.

— Et de quel droit, demanda le juge Jarriquez, traitez-vous ainsi ce… dénonciateur ?

— Un misérable, oui, monsieur ! répondit vivement Joam Dacosta. Cet homme, que j’avais hospi-