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LA JANGADA




IV

PREUVES MORALES



Le mandat d’arrestation décerné contre Joam Dacosta, dit Joam Garral, avait été lancé par le suppléant du juge Ribeiro, qui devait remplir les fonctions de ce magistrat dans la province des Amazones jusqu’à la nomination de son successeur.

Ce suppléant se nommait Vicente Jarriquez. C’était un petit bonhomme fort bourru, que quarante ans d’exercice et de procédure criminelle n’avaient pas contribué à rendre très bienveillant pour les accusés. Il avait instruit tant d’affaires de ce genre, jugé et condamné tant de malfaiteurs, que l’innocence d’un prévenu, quel qu’il fût, lui semblait a priori inadmissible. Certainement, il ne jugeait pas contre sa conscience, mais sa conscience, fortement cuirassée, ne se laissait pas facilement