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UN RETOUR SUR LE PASSÉ.

Qui ne le comprendrait, en présence de tout ce bonheur de famille qui s’épanouissait autour de lui, qui était son œuvre et qu’il allait peut-être briser sans retour !

Telle fut sa vie pendant de longues années, telle fut la source sans cesse renaissante de ces effroyables souffrances dont il garda le secret, telle fut enfin la vie de cet homme, qui n’avait pas un acte à cacher, et qu’une suprême injustice obligeait à se cacher lui-même !

Mais enfin le jour où il ne dut plus douter de l’amour de Manoel pour Minha, où il put calculer qu’une année ne s’écoulerait pas sans qu’il fût dans la nécessité de donner son consentement à ce mariage, il n’hésita plus et se mit en mesure d’agir à bref délai.

Une lettre de lui, adressée au juge Ribeiro, apprit en même temps à ce magistrat le secret de l’existence de Joam Dacosta, le nom sous lequel il se cachait, l’endroit où il vivait avec sa famille, et, en même temps, son intention formelle de venir se livrer à la justice de son pays et de poursuivre la révision d’un procès d’où sortirait pour lui ou la réhabilitation ou l’exécution de l’inique jugement rendu à Villa-Rica.

Quels furent les sentiments qui éclatèrent dans