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DE ROTTERDAM À COPENHAGUE.

être aussi vert que mon fils, j’étais déjà pâle, et il n’aurait pas fallu que la situation se prolongeât bien longtemps pour m’amener au même point que lui. Nous étions déjà descendus d’une douzaine de mètres, lorsque surgit tout à coup un obstacle inattendu.

Une dame de cinquante et quelques années, coiffée d’un immense chapeau rose et affublée d’une robe vert pomme, rappelant par sa coupe étriquée la forme gracieuse d’un fourreau de parapluie, barrait ce passage, étroit même pour une seule personne.

Cette dame, qui devait être Allemande, était suivie de ses onze enfants ! Oui, vous avez bien lu, de ses onze enfants, et qui vous dit qu’elle n’en eut pas d’autres.

La caravane qu’elle conduisait se terminait, à cinq ou six mètres plus bas, par un très gros monsieur, le mari sans aucun doute, suant, soufflant, ruisselant pour deux.

Que faire ? Le cas était épineux. Remonter, je ne le pouvais guère, sans m’exposer à recevoir l’orage. Le plus sage était évidemment d’avancer ; mais il fallait alors faire reculer toute cette smala, car il n’était pas possible de se croiser sur une pareille échelle.

C’était fort embarrassant. La mère jetait sur moi