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DE ROTTERDAM À COPENHAGUE.

solide pour mener à bien cette ascension. Mon frère, dans son Voyage au Centre de la Terre, nous fait assister à une « leçon d’abîme » que le professeur Lidenbrock donne à son neveu Axel sur cette rampe vertigineuse.

Le jour où nous y sommes montés, mon fils et moi, le temps était très clair. La vue s’étendait fort loin, embrassant, du nord au sud, le Sund dans sa longueur ; mais il faisait une brise d’est carabinée, qui rendait toute observation difficile. Ce n’était pas trop de nos deux mains, accrochées au garde-fou, pour nous retenir et résister à la violente poussée du vent. Donc, impossible de nous servir de nos lorgnettes. Aussi ne pûmes-nous reconnaître le pavillon d’un bâtiment rapide à deux cheminées jaunes, qui arrivait sur rade de Copenhague et saluait de vingt et un coups de canon le pavillon danois flottant sur la citadelle.

En se tournant vers le nord, on aperçoit, à l’extrémité du Sund, la petite ville d’Elseneur. Entre Elseneur et Copenhague s’étend une immense forêt, aux arbres gigantesques, parsemée de nombreuses villas. C’est dans cette forêt, véritable faubourg de Copenhague, à laquelle conduit la belle promenade de Langelinie tracée sur le bord de la mer, que les riches familles danoises ont établi leurs résidence