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UN RETOUR SUR LE PASSÉ.

riage se ferait un jour ou l’autre, et Joam ne voulut pas être pris au dépourvu.

Mais alors cette pensée qu’il lui faudrait marier sa fille sous un nom qui ne lui appartenait pas ; que Manoel Valdez, croyant entrer dans la famille Garral, entrerait dans la famille Dacosta, dont le chef n’était qu’un fugitif toujours sous le coup d’une condamnation capitale, cette pensée lui fut intolérable. Non ! ce mariage ne se ferait pas dans ces conditions où s’était accompli le sien propre ! Non ! jamais !

On se rappelle ce qui s’était passé à cette époque. Quatre ans après que le jeune commis, déjà l’associé de Magalhaës, fut arrivé à la fazenda d’Iquitos, le vieux Portugais avait été rapporté à la ferme mortellement blessé. Quelques jours seulement lui restaient à vivre. Il s’effraya à la pensée que sa fille allait rester seule, sans appui ; mais, sachant que Joam et Yaquita s’aimaient, il voulut que leur union se fit sans retard.

Joam refusa d’abord. Il offrit de rester le protecteur, le serviteur de Yaquita, sans devenir son mari… Les insistances de Magalhaës mourant furent telles que toute résistance devint impossible. Yaquita mit sa main dans la main de Joam, et Joam ne la retira pas.

Oui ! c’était là un fait grave ! Oui ! Joam Dacosta aurait dû ou tout avouer ou fuir à jamais cette mai-