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DE ROTTERDAM À COPENHAGUE.

Aussi l’entendit-on bientôt crier d’une voix un peu rageuse :

« Mousse, un verre d’eau-de-vie,… bien plein ! »

Ce « bien plein » annonçait d’abord un progrès marqué dans la langue française, et ensuite un véritable besoin de consolation, qui rendit à notre brave pilote toute sa belle humeur.


XI


Le lendemain matin, 19 juin, a sept heures, le Saint-Michel arrivait à l’entrée du Sund. Il faisait un calme plat. Pas un souffle de vent, pas une seule ride à la surface de la mer. Quelques centaines de mouettes poussaient de joyeux cris en rasant les eaux tranquilles. De nombreux navires attendaient, à l’ancre, que la brise se levât pour faire route. Plusieurs steamers, rayant l’horizon de leur long panache de fumée, indiquaient l’approche d’un grand port de commerce.

Vers dix heures, Copenhague commence à émerger de la brume, avec ses clochers, ses phares et les mâts des navires mouillés dans son port. Le Saint-Michel en était encore éloigné de dix à douze milles.