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DE ROTTERDAM À COPENHAGUE.

surtout, pour lequel il professait un culte d’ancien pêcheur. S’il savait bien l’apprêter, il savait joliment le manger aussi !

Mais, dira-t-on, et le français ! de quel façon l’apprenait-il ? D’abord, quoiqu’il ne parlât ni le français, ni l’allemand, ni le danois, ni le hollandais, Thomas Pearkop servait d’interprète entre notre cuisinier, qui n’y entendait rien, et les divers fournisseurs du yacht. Comment il s’y prenait, je ne me charge pas de l’expliquer, je le constate.

En outre, ses rapports avec notre mousse étaient extrêmement fréquents :

« Mousse, un verre de vin ! »

« Mousse, un verre de bière ! »

« Mousse, un verre d’eau-de-vie ! »

« Mousse, un verre d’eau ! »

Mais plus rarement ce dernier.

Et comme cette conversation se renouvelait plusieurs fois par jour, Thomas Pearkop apprenait notre langue dans ce qu’elle a de plus essentiel pour un gosier anglo-saxon, et maintenait en même temps son estomac à un diapason excellent.

Prétendre que le « gentleman » savait le français à fond quand il nous quitta, ce serait peut-être aller un peu loin, mais il connaissait la manière de se faire servir un petit verre de n’importe quoi.