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DE ROTTERDAM À COPENHAGUE.

canonnière allemande, plus longue que lui de deux mètres ?

C’est à Rendsburg seulement que nous l’avons appris. L’inspecteur général du canal nous expliqua que, pour pouvoir écluser la canonnière, on avait dû allonger les sas en construisant des portes provisoires. Ce travail avait coûté gros, mais il s’imposait. C’était pendant la guerre. Les Allemands craignaient une attaque de la flotte française contre Wilhelmshaven, qui n’était pas en état de défense comme il l’est aujourd’hui. Aussi n’avaient-ils pas hésité à sacrifier les sommes nécessaires pour faire venir par le canal, puisque nous étions maîtres de la mer, les deux ou trois canonnières dont ils avaient besoin pour la défense de la place.

Sans doute, si nous avions connu ce détail avant de quitter Wilhelmshaven, nous n’aurions pas tenté l’aventure : il s’en est fallu de si peu pour que le Saint-Michel ne passât pas ! Vingt-cinq centimètres de longueur de plus, et il était obligé de rebrousser chemin, en faisant machine en arrière pendant plusieurs heures, faute de pouvoir éviter. C’eut été assurément un échec fort désagréable.

Ainsi que je l’ai déjà dit, l’Eider est extrêmement sinueux, sans compter qu’il est incessamment parcouru par des galiotes ou même par de petits