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DE ROTTERDAM À COPENHAGUE.

faut qu’il soit animé d’une vitesse initiale très supérieure, et cette vitesse ne s’obtient qu’avec une charge de poudre relativement considérable.

Notre visite se termina au carré de l’arrière, où se trouvaient réunis quelques officiers du bord, que le commandant en second nous présenta. Tous parlaient couramment l’anglais et le français. Ils nous entretinrent d’un accident arrivé dernièrement à bord de leur frégate : un obus avait éclaté au moment où on allait l’introduire dans le canon ; huit hommes avaient été tués, sans compter une douzaine de blessés. Un canon Krupp avait aussi fait explosion à bord d’un autre navire, en y causant de grands désastres. Ces officiers parlaient de cela en gens peu soucieux de cacher leurs écoles. Ils auraient pu ajouter qu’un de leurs garde-côtes cuirassés avait failli couler à pic dernièrement en se défonçant, par une fausse manœuvre, contre la jetée de l’entrée de l’arsenal de Kiel, — accident dont il ne s’était trouvé aucune trace dans les journaux.

Le service est, paraît-il, très dur pour les officiers à bord du Mars. L’équipage est renouvelé en entier tous les deux mois, afin d’exercer à la manœuvre du canon le plus grand nombre de matelots possible. Pendant que la frégate est dans le port, on détache une équipe à bord d’une canonnière annexe pour