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DE ROTTERDAM À COPENHAGUE.

et de mauvaises raisons, notre résistance faiblissait visiblement et enhardissait l’agresseur. Enfin, après une défense des plus honorables, il fallut capituler.

Nous acceptons donc l’offre de Thomas Pearkop, de conduire le Saint-Michel de Deal à Rotterdam.

Toutefois, le prix de pilotage dut subir une amputation bien douloureuse pour les intérêts du « gentleman » : il fut réduit, de quinze livres qu’il demandait d’abord, à huit livres, — soit près de cinquante pour cent de rabais !

C’est alors que, sur un signe de Thomas Pearkop, nous voyons apparaître au fond du canot qui l’avait amené, le sac en grosse toile cirée, ornée des trois initiales de son propriétaire, que tout pilote qui se respecte emporte invariablement avec lui. Mais quel sac, grand Dieu ! un mètre cinquante de haut sur cinquante centimètres de large, bourré jusqu’à la gueule, ficelé comme un saucisson, et tellement lourd qu’il fallut deux hommes pour l’embarquer. Je crus que, sous ce poids exceptionnel, le Saint-Michel, humilié, allait s’incliner comme une simple baleinière.